dimanche 15 janvier 2012

Trois rescapés sortis du Costa Concordia, toujours des disparus

Trois rescapés ont été arrachés dimanche de l'épave du paquebot italien Costa Concordia, qui a fait naufrage vendredi soir au large de la Toscane, mais plusieurs personnes - entre 17 et 34, selon les estimations - sont toujours portées disparues.

L'échouement du Costa Concordia, qui s'est couché sur le flanc à quelques centaines de mètres de la petite île de Giglio, a fait au moins trois morts - deux touristes français et un membre d'équipage péruvien - et 70 blessés, dont deux graves.

Le navire, avec plus de 4.000 personnes à son bord, avait appareillé de Civitavecchia, près de Rome, pour une croisière d'une semaine en direction de Barcelone et de l'île de Majorque, aux Baléares.

Les secours ont retrouvé tôt dimanche deux rescapés, un couple de Sud-Coréens en voyage de noces qui étaient coincés dans une cabine.

En milieu de journée, c'est un commissaire de bord, Manrico Gianpetroni, qui était retrouvé une jambe cassée et évacué par hélicoptère. "Je n'ai jamais perdu l'espoir d'être secouru. Mais ça a été trente-six heures de cauchemar", a-t-il dit aux journalistes.

Selon le président de la région Toscane, on est encore sans nouvelles de 17 passagers. Une autre estimation fait état de 34 disparus. Les secouristes et des équipes de plongeurs continuent de fouiller les 2.000 cabines du paquebot à la recherche d'éventuelles victimes.

Le commandant du navire, Francesco Schettino, a été arrêté samedi soir pour homicide involontaire, pour avoir provoqué un naufrage et avoir abandonné le navire, a fait savoir la police, selon laquelle il a quitté le paquebot vers minuit, avant l'évacuation de tous les passagers.

UN RÉCIF ABSENT DES CARTES MARINES ?

L'opérateur du navire, Costa Crociere, filiale de Carnival Corp & Plc, la plus importante entreprise de croisière au monde, a déclaré que le Costa Concordia suivait sa route habituelle lorsqu'il a heurté un rocher submergé.

Dans une interview à la télévision, Francesco Schettino a affirmé que ce récif ne figurait pas sur les cartes marines.

Une large déchirure est visible sur la coque du navire. Aucune pollution n'a été constatée mais les autorités craignent que le fioul ne s'échappe à terme de l'épave.

Le président de Costa Crociere, Gianni Ororato, a indiqué que le commandant de bord avait "effectué une manoeuvre destinée à protéger les passagers et les membres d'équipage" mais "une soudaine inclinaison du navire a compliqué les choses".

Le commandant n'a pas tout de suite ordonné l'abandon du navire mais a manoeuvré pour le rapprocher le plus possible de la côte, la proue vers le port de Giglio, a dit un garde-côte.

De nombreux rescapés se sont plaints de la lenteur et de la désorganisation des opérations d'évacuation.

On ignore toujours pourquoi le paquebot de 114.500 tonnes et 290 mètres de long, sorti en 2005 des chantiers navals italiens Fincantieri Sestri, s'est échoué dans des eaux calmes si près du rivage.

"Nous serons en mesure de le dire à l'issue de l'enquête. Il serait prématuré de spéculer là-dessus", a déclaré Filippo Marini, porte-parole des gardes-côtes.

PANIQUE À BORD

Le paquebot avait déjà eu un accident et subi des dégâts, le 22 novembre 2008, heurtant une jetée du port de Palerme où il allait s'amarrer.

L'accident de vendredi soir, au moment du dîner, a donné lieu à des scènes de panique. Certains passagers se sont jetés à l'eau et ont nagé dans l'obscurité jusqu'à l'île de Giglio, où les habitants les ont recueillis.

"J'étais sûre que j'allais mourir. Nous avons passé deux heures dans les canots de sauvetage à crier et à nous agripper les uns aux autres. Les gens essayaient de s'arracher les gilets de sauvetage. Nous n'avons pu en avoir que pour les enfants", a raconté Antonietta Sintolli, une passagère en larmes, âgée de 65 ans.

Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire et les agences de presse italiennes indiquent que selon Luciano Nicastro, porte-parole de la garde-côte, le bateau s'est approché dangereusement du rivage, "ce qui a probablement causé l'accident (...)".

Les 3.206 passagers - des Italiens mais aussi de nombreux étrangers parmi lesquels des Britanniques, des Français, des Allemands, des Espagnols et des Américains -, et les 1.023 membres d'équipage ont été évacués vers l'île de Giglio ou vers Porto Santo Stefano, sur la côte toscane, où ils ont été hébergés pendant la nuit de vendredi à samedi dans des écoles, des maisons et des églises.

"Nous étions à table pour le dîner quand on a entendu un grand bruit (...) C'était la panique, les tables retournées, les verres qui volaient partout. Nous nous sommes précipités sur le pont et nous avons mis nos gilets de sauvetage", a raconté Maria Parmegiano Alfonsi, une passagère, sur la chaîne de télévision Sky Italia.

"La lumière s'est éteinte, tout le monde hurlait. On nous a dit de rester calmes, que ce n'était rien, juste un problème électrique", a dit un autre passager.

"Les opérations d'évacuation ont été horribles. C'était très, très mal organisé", a dit une passagère américaine, Alex Beach. "On ne savait pas où aller. Lorsqu'on est arrivé aux chaloupes de sauvetage, elles étaient déjà surchargées. Finalement, à la cinquième tentative, mon mari et moi avons pu grimper à bord de l'une d'elles."

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