Deux jours après la perte par la France de sa notation AAA, Nicolas Sarkozy a déclaré que la crise imposait de mettre en oeuvre de nouvelles réformes, justifiant par avance les mesures qui doivent être annoncées après le prochain sommet social.
En déplacement à Amboise, dans le centre de la France, où il était venu marquer le centenaire de Michel Debré, le père de la constitution de la Ve République, il a indiqué qu'il s'adresserait aux Français à la fin du mois pour les expliquer.
"Je leur dirai les décisions importantes qu'il nous faut prendre sans perdre de temps", a-t-il dit, avant d'assurer que la France avait les moyens de surmonter la crise pour peu que la volonté et le courage de réformer existent.
"Cette crise permettra de prendre des décisions rapidement parce que la situation l'impose, décisions que nous n'aurions pas pu prendre si nous n'étions pas face à ces responsabilités telles que nous les connaissons aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a évoqué implicitement la dégradation d'un cran de la note de la France vendredi soir par l'agence Standard & Poor's en estimant que la situation serait bien pire si la réforme des retraites n'avait pas été votée en 2010.
"On mesure aujourd'hui ce qu'il en serait advenu si nous n'avions pas mis en oeuvre cette réforme indispensable", a-t-il déclaré, alors que l'opposition unanime reproche à sa politique d'être directement responsable de la perte du AAA de la France.
Le gouvernement a déjà fait savoir qu'il entendait que le sommet de mercredi avec le patronat et les syndicats débouche sur une réforme du financement de la protection sociale pour rendre l'industrie française plus compétitive.
Elle devrait passer par une baisse des charges pesant sur les salaires qui sera compensée par une hausse de la TVA, cette dernière suscitant des réserves jusqu'au sein de la majorité.
"VÉRITE ET COURAGE"
Dans son discours, prononcé dans une salle composée en majorité de sympathisants UMP, Nicolas Sarkozy a évoqué la carrière de grand serviteur de l'Etat de Michel Debré, Premier ministre du général de Gaulle de 1959 à 1962, et ses choix inspirés de "la vérité et du courage" dans les moments difficiles comme lors de la crise du franc en 1958.
"J'ai souvent réfléchi depuis que nous sommes dans la bourrasque de la crise. Je ne trouve pas d'autre guide à l'action, dans ces temps troublés, que ces deux mots : vérité et courage", a-t-il dit.
Il a invoqué Michel Debré pour s'en prendre aussi au Parti socialiste et à son candidat présidentiel, François Hollande, sur deux sujets qui ont créé la polémique, le nucléaire, que l'opposition veut réduire comme source d'énergie, et la politique de la famille.
Sur le premier, il a célébré celui qui lança aux côtés du général de Gaulle "un programme nucléaire dont on voit à quel point il a permis de renforcer notre industrie et à quel point il serait profondément irresponsable de démanteler ce que des générations d'hommes d'Etat ont voulu pour la France."
Pour la seconde, il a estimé que "Michel Debré, qui s'est tant battu contre la dénatalité, serait heureux de voir aujourd'hui la France avec le taux de fécondité des femmes parmi les plus élevés d'Europe."
"Il serait irresponsable de détruire notre politique familiale qui a permis de redresser notre natalité", a-t-il ajouté, alors que l'Elysée et le gouvernement ont condamné en termes virulents un projet socialiste de réforme du quotient familial.
A son arrivée à Amboise, Nicolas Sarkozy est allé s'incliner sur la tombe de Michel Debré en présence de ses fils Bernard, député UMP, et Jean-Louis, président du Conseil constitutionnel. Ce dernier, qui a toujours eu des relations difficiles avec le chef de l'Etat, n'a pas assisté à son discours, en invoquant un "devoir de réserve" lié à sa fonction.
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