mercredi 11 janvier 2012

«On est en train de réinstaller des bidonvilles» à Haïti

Patrick Coulombel, président de la Fondation architectes de l'urgence, s'inquiète des lenteurs de la reconstruction à Haïti et du manque de compétence des organisations internationales.

Deux ans après le tremblement de terre, où en est la reconstruction à Haïti ?

On n'en est pas bien loin. Si on parle de la reconstruction en dur à proprement parler, à de rares exceptions près, il n'y a pas grand-chose de fait, ce qui est pour le moins surprenant dans la mesure où normalement on devrait être en plein boom de la reconstruction, deux ans après.

Les Nations unies, au départ, durant toute l'année 2010, ont décidé d'attendre que le processus électoral soit complètement terminé et d'avoir un gouvernement légitime pour s'attaquer à la reconstruction de manière normale. Ce n'est pas illogique, mais cela a duré un an, et normalement le mandat de l'organisation internationale est au contraire là pour palier les carences des gouvernements lorsqu'ils n'ont pas de capacité.

Et après l'élection du président ?

En 2011, quand Michel Martelly a été élu, il a dit qu'il fallait absolument arrêter la construction d'abris temporaires et qu'il fallait faire de la reconstruction durable. Tout le monde était d'accord, mais en réalité personne ne l'a fait. Résultat des courses : non seulement les constructions temporaires ne se sont pas arrêtées, mais il y en a certaines programmées pour 2012.

Pourquoi est-ce si compliqué de reconstruire du permanent ?

C'est un métier de construire en dur. Aujourd'hui, la majorité des acteurs de l'humanitaire ne sont pas des gens du métier de la construction. En termes de gouvernance au niveau des Nations unies, il y a donc des petits problèmes. Il existe une agence, UN-Habitat, qui a l'habitude de ça, mais aujourd'hui elle n'a pas le monopole sur cette question. Elle réclame l'arrêt des abris temporaires, mais elle n'est pas écoutée par la (...) Lire la suite.

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