Près de dix-huit ans après la fin du génocide rwandais, de nouveaux éléments avancés par le juge français Marc Trévidic suggèrent que des Hutus extrémistes pourraient être à l'origine de l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, point de départ des massacres.
Jusqu'à présent, la thèse qui désignait l'actuel président du Rwanda, Paul Kagamé, comme instigateur de l'attaque prévalait. Le sociologue André Guichaoua, témoin des événements en 1994, avait lui-même qualifié de 'certaine' cette version des faits. Aujourd'hui, s'il se félicite que le dossier soit relancé grâce à ces nouvelles informations, il déplore les dysfonctionnements d'un dossier judiciaire qui 'sont intervenus à tous les niveaux'.
Que change la publication de ce nouveau rapport d'expertise présenté mardi 10 janvier par le juge Marc Trévidic ?
Premier élément, et le plus important à mon sens, c'est que le dossier est aujourd'hui relancé pour de bon. Ces nouveaux éléments, qui ont fait l'objet d'investigations scientifiques, rouvrent le jeu, en quelque sorte. Il faut s'en féliciter, car cela démontre que les juges sont en mesure de mener des enquêtes et d'apporter des faits établis inédits, qui permettent d'enclencher des débats contradictoires.
Mais il importe désormais de valider les hypothèses qu'impliquent ces nouveaux éléments. Je salue d'ailleurs la décision de M. Trévidic d'avoir proposé un délai de trois mois qui devrait ouvrir la voie à une procédure contradictoire, à des enquêtes complémentaires ou encore à des procédures d'appel. Au terme de cette démarche, il se prononcera sur ces rapports et sur ce que tout le monde veut désormais savoir : qui sont les auteurs de l'attentat ? Une question qui impose une grande prudence aujourd'hui, d'autant que ce dossier provoque des scénarios quasiment conspirationnistes.Vous avez vous-même affirmé que le (...) Lire la suite.
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