mercredi 14 septembre 2011

Servier accusé de pressions dans l'affaire du Mediator

Les pressions qu'aurait exercées Servier pour qu'un rapport du Sénat sur le Mediator soit modifié en sa faveur relancent la saga autour d'un médicament responsable de la mort de nombreuses personnes.
Les laboratoires Servier, qui fabriquaient ce médicament présenté comme un antidiabétique mais prescrit comme coupe-faim et commercialisé de 1976 à 2009 en France, ont nié avoir exercé une quelconque pression dans la rédaction du rapport.
Le Figaro écrit pourtant mercredi que ce rapport a été modifié à l'avantage de Servier après une intervention d'un expert médical présenté comme proche du numéro deux du groupe pharmaceutique.
Le quotidien se fonde sur des retranscriptions d'écoutes téléphoniques de dirigeants des laboratoires Servier pratiquées dans le cadre de l'instruction judiciaire en cours.
La conversation que reproduit Le Figaro aurait eu lieu le 24 juin entre Jean-Philippe Seta, directeur opérationnel de Servier, et Claude Griscelli, professeur de génétique et membre du Conseil d'Etat.
Ce dernier dit avoir été sollicité par Marie-Thérèse Hermange, rapporteur UMP de la mission d'enquête du Sénat, pour relire le rapport des sénateurs avant sa publication.
"Je me suis fichu des choses nulles qui n'avaient pas d'importance mais bien sûr j'ai regardé des phrases clé qui concernait la responsabilité de Servier (...). Et donc j'ai fait changer pas mal de choses", déclare Claude Griscelli à Jean-Philippe Seta, selon les extraits publiés par Le Figaro.
Le médecin dit avoir "beaucoup insisté" pour contester la validité d'une étude établissant à 500 le nombre de décès imputés au Mediator, que des rapports officiels jugent responsable de la mort de 500 à 2.000 personnes en France.
"DÉLITEMENT"
Le député socialiste Gérard Bapt, président de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator, a jugé de façon très critique ce dernier développement de l'affaire.
"C'est hallucinant d'apprendre jour après jour des événements qui montrent en fait un véritable délitement d'une certaine éthique dans l'élite administrativo-médicale de notre pays," a-t-il dit sur France Info.
"Je ne sais pas si le rapport a véritablement été modifié. Je sais simplement que Mme Hermange et M. Griscelli se connaissaient puisqu'ils avaient été ensemble à la direction des hôpitaux de Paris. Je pense aujourd'hui que la présence au sein de la plus haute instance administrative, française, le Conseil d'Etat, de ce Monsieur (Griscelli) devient totalement inadéquate", a-t-il ajouté.
Pour Gérard Bapt, la justice doit se saisir des conditions dans lesquelles a été établi le rapport du Sénat.
"De tels agissements ne peuvent pas rester à l'écart d'une enquête de la justice", a-t-il dit.
Les laboratoires Servier n'ont rien à se reprocher, estiment cependant leur porte-parole, Lucy Vincent.
"Nous n'avons rien eu à faire dans cette convocation ni dans les avis de M. Griscelli, qui est quelqu'un avec un CV long comme le bras, et qui est bien qualifié pour avoir ses propres avis sur l'affaire et pour intervenir dans le sens qu'il souhaite", a-t-elle dit sur RTL.
"Je m'inquiète d'abord que dans cette affaire le secret de l'instruction soit violé en permanence", a dit Lucy Vincent. "Ça va dans la lignée de tout ce que nous vivons depuis le début de l'affaire. Tout est à charge, tout est traduit dans le mauvais sens par les journaux."

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