La population civile fuit par milliers la ville de Hama, en Syrie, où l'offensive de l'armée s'est soldée par plus de 130 morts en quatre jours, malgré la condamnation de la répression par les Nations unies.
Hama, théâtre du massacre d'au moins 20.000 personnes en 1982 par les troupes de Hafez al Assad, père de l'actuel président syrien, est privée depuis mercredi d'électricité et d'eau. Toutes les communications téléphoniques sont coupées.
La déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu, la première du genre en cinq mois de soulèvement contre le régime de Bachar al Assad, n'a pas freiné les blindés, qui ont fait au moins 45 morts dans un nouvel assaut mercredi soir dans le centre, rapporte un militant qui a réussi à fuir la ville.
Selon lui, 40 personnes ont péri dans les bombardements et sous le feu des mitrailleuses dans le quartier d'Al Hader, qui avait été partiellement rasé en 1982. Cinq autres, dont deux enfants, ont été tuées alors qu'elles tentaient de quitter la ville en voiture.
Des habitants avaient rapporté mercredi soir que les chars déployés dans Hama depuis dimanche avaient pris position sur la place principale de la ville avec l'aide des milices "chabbiha".
Les chabbiha tirent à vue sur les habitants et des tireurs d'élite dominent la place Orontes, a dit une pharmacienne, sur la base des témoignages de sa famille, encore sur place.
"FÉROCITÉ"
"L'appareil de sécurité pense qu'il peut en finir avec le soulèvement en jouant la carte sécuritaire et en tuant autant de Syriens qu'il jugera nécessaire", relève un diplomate en poste à Damas. "Les chars tirent sur des bâtiments résidentiels à Hama et Daïr az Zour alors que ces deux villes ont pu manifester pacifiquement pendant des semaines. C'est la première fois que le régime recourt aux chars avec une telle férocité ciblée".
Les opposants des Comités de coordination locale ont accusé les autorités syriennes de chercher à empêcher les habitants de faire connaître à l'extérieur l'ampleur de la répression. "Hama est coupée du monde. On ne sait rien de ce qui se passe et on est, bien sûr, très inquiets", souligne Nadim Houri, chargé du dossier syrien au bureau de Beyrouth de Human Rights Watch.
Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, 1.500 familles environ ont réussi à fuir Hama au cours des dernières 48 heures, principalement en direction de l'Est et de l'Ouest de la ville assiégée. La route du Nord, qui conduit à Alep et à la frontière turque, est en revanche bloquée par les autorités, disent d'autres activistes.
"La route d'Alep est la plus dangereuse, car la plupart des chabbiha sont déployés là-bas pour empêcher tout mouvement de foule vers la Turquie", rapporte un activiste en contact avec des habitants qui ont pu s'échapper. Selon un habitant d'Alep, la police renvoit vers Hama les habitants qui ont réussi à arriver jusqu'à la deuxième ville du pays.
ÉMISSAIRE SPÉCIAL DE L'ONU ?
L'Allemagne a demandé jeudi l'envoi d'un émissaire spécial des Nations unies en Syrie, au lendemain de l'adoption par le Conseil de sécurité d'une déclaration condamnant "les violations généralisées des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes".
"En accord avec nos partenaires, je vais demander à l'Onu de nommer un émissaire spécial pour la Syrie qui pourra commencer à travailler immédiatement, porter à Damas le message clair de la communauté internationale et appuyer les demandes du Conseil de sécurité", a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.la suite d'infos...
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