Danone et Nestlé font figure de favoris pour l'activité de préparations pour nourrissons de Wyeth, filiale de Pfizer, évaluée à quelque dix milliards de dollars (sept milliards d'euros), a-t-on appris de source bancaire proche du dossier.
L'américain Mead Johnson Nutrition, numéro deux mondial de ce marché derrière le groupe suisse, préfère se concentrer sur sa croissance organique, a précisé ce banquier.
Danone, numéro trois mondial dans cette activité, et Nestlé voient dans Wyeth un relais de croissance, avec près de 80% de ses ventes dans les émergents, a souligné la même source.
Les deux groupes européens cherchent à évaluer les éventuels problèmes de concurrence qui pourraient surgir en cas d'offre.
"Nestlé et Danone considèrent Wyeth comme une opération stratégique dans un marché où ils veulent tous les deux croître et sont clairement vus comme les favoris au début des enchères", a expliqué le banquier.
L'Asie représente 45% du marché mondial de laits infantiles, puisqu'il y naît plus de la moitié des bébés de la planète. La Chine assure à elle seule un cinquième des ventes mondiales.
Danone et Nestlé estiment à près de 10% la croissance du marché des laits infantiles. Wyeth, avec sa marque de lait SMA, leur permettrait donc d'accélérer leur croissance sur des marchés comme l'Asie et l'Amérique latine.
"Nestlé pourrait facilement se permettre l'opération, mais sera confronté à des problèmes de concurrence. Pour Danone, ce serait un peu plus difficile financièrement, mais le groupe devrait rencontrer moins d'obstacles en termes de concurrence", a observé un actionnaire des deux groupes européens.
NESTLÉ PEU ENDETTÉ, MAIS AVEC DES RISQUES ANTITRUST
Faiblement endetté, Nestlé, numéro un mondial de l'agroalimentaire, pourrait se retrouver en position dominante au Mexique, en Amérique du Sud et en Asie. Pour Danone, les difficultés concerneraient la Grande-Bretagne et l'Australie.
L'américain Pfizer, premier groupe pharmaceutique mondial, a mis en vente Wyeth en juillet. Les analystes s'attendaient à voir apparaître les quatre premiers mondiaux du secteur, Nestlé, Mead Johnson, Danone et l'américain Abbott Laboratories.
Nestlé détient actuellement 19,3% du marché mondial des laits infantiles, contre 16,4% pour Mead Johnson, 13,5% pour Danone, 12,1% pour Abbott et 5,6% pour Wyeth.
Les analystes de Credit Suisse évaluent Wyeth entre huit et dix milliards de dollars en se basant sur les multiples des précédentes acquisitions dans le secteur et la valorisation de Mead Johnson. Ils estiment que le chiffre d'affaires annuel de 1,9 milliard de dollars de la division donne une marge opérationnelle de 23%, comme la division de nutrition infantile de Danone et Mead Johnson.
Un prix de dix milliards de dollars représenterait 22 fois l'Ebitda de Wyeth, soit l'équivalent du multiple payé par Danone lors de son rachat de Numico pour 12,3 milliards d'euros en 2007, et plus que celui de 15,7 fois payé par Nestlé lors de l'acquisition du groupe d'alimentation infantile Gerber pour 5,5 milliards de dollars la même année.
Le groupe suisse a dit début août percevoir "des opportunités sans précédent" pour des acquisitions et a renoncé à poursuivre son programme de rachat d'actions.
Nestlé a diminué sa dette de moitié en un an, à 14,5 milliards de francs suisses (12,8 milliards d'euros) fin juin, après avoir cédé son pôle de soins oculaires Alcon en août 2010.
DANONE SERA TRÈS ATTENTIF AU PRIX
Pour Danone, connu pour ses marques Blédina, Milupa et Cow & Gate, Wyeth entre parfaitement dans sa stratégie. Le groupe français a dit ne pas être intéressé par une pénétration du marché américain, ce qui semble exclure une offre sur Mead Johnson, scindé de Bristol-Myers-Squibb en 2009 et qui pèse 14,1 milliards de dollars en Bourse.
Le groupe français, dont la dette nette atteignait 7,5 milliards d'euros fin juin, devrait être très attentif au prix, certains analystes ayant jugé qu'il avait surpayé Numico.
"Wyeth est plus stratégique pour Danone que pour Nestlé. Nestlé pourrait toujours racheter Mead Johnson s'il le voulait, il peut se permettre de financer l'opération et de payer une prime et est également intéressé par le marché américain", note Pablo Zuanic, analyste chez Liberum Capital.La suite...
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