mercredi 9 janvier 2013

Tensions indo-pakistanaises à propos du Cachemire

La mort, mardi, de deux militaires indiens au Cachemire imputée par New Delhi au Pakistan a fait monter la tension entre les deux anciens "frères ennemis" du sous-continent indien mais ne devrait toutefois pas dégénérer en crise diplomatique majeure. Le Cachemire, dont les deux puissances nucléaires revendiquent la souveraineté, a été à l'origine de deux des trois guerres qui les ont opposés depuis la partition de 1947. L'ambassadeur du Pakistan à New Delhi a été convoqué mercredi au ministère des Affaires étrangères pour recevoir une protestation officielle. Le ministre indien de la Défense, A.K. Antony, avait auparavant évoqué un acte "hautement provocateur" et dénoncé la mutilation "inhumaine" du cadavre du soldat indien. D'après le porte-parole du commandement Nord de l'armée indienne, le corps mutilé du militaire a été retrouvé dans une région boisée du côté indien de la ligne de démarcation. Il a démenti des informations de médias indiens selon lesquelles l'une des deux victimes aurait été décapitée et la seconde égorgée. Mardi, New Delhi avait accusé l'armée pakistanaise d'avoir, lors d'une incursion du côté indien de la Ligne de contrôle (LoC), tué deux de ses soldats et d'en avoir blessé un troisième au cours d'une brève fusillade. Ces incidents surviennent deux jours après un accrochage le long de la LoC qui, selon Islamabad, a fait un mort dans les rangs de l'armée pakistanaise après une incursion indienne. L'Inde a démenti que ses troupes aient franchi la ligne de contrôle. De son côté, le ministre indien des Affaires étrangères a paru vouloir apaiser la tension, soulignant que les efforts importants déployés pour améliorer les relations bilatérales risquaient d'être réduits à néant si l'affaire dégénérait. RISQUE D'ESCALADE ? "Je pense qu'il est important à long terme que ces événements ne tournent pas à l'escalade", a dit Salman Khurshid lors d'une conférence de presse. "On ne peut pas et on ne doit pas permettre une escalade à partir d'un événement aussi morbide soit-il". "Nous devons faire attention à ce que des forces (...) cherchant à faire capoter tout ce qui a été fait de positif pour normaliser (les relations bilatérales) ne réussissent pas dans leur entreprise", a ajouté le chef de la diplomatie indienne sans plus de précisions sur ces "forces". Un porte-parole de l'armée pakistanaise a "démenti les allégations indiennes de tirs non provoqués" et a accusé New Delhi de se livrer à une opération de "propagande" visant à détourner l'attention après un incident frontalier survenu 48 heures auparavant au cours duquel un militaire pakistanais avait trouvé la mort. Un responsable du ministère pakistanais des Affaires étrangères a, quant à lui, minimisé la portée de l'incident de mardi. "Ce genre de problèmes se pose depuis des années - je ne pense pas qu'il aura un grand impact sur le processus de pourparlers (de paix) en cours", a-t-il dit. "LE PAKISTAN DOIT ÊTRE MONTRÉ DU DOIGT" Un sénateur siégeant à la commission parlementaire sur la sécurité nationale, Mushahid Hussain, a pour sa part estimé que le gouvernement indien, éclaboussé par des scandales de corruption et confronté à des élections difficiles début 2013, revenait à "une rhétorique belliqueuse du passé pour des raisons de politique intérieure". "Le Pakistan a déjà fort à faire avec une insurrection à grande échelle à l'intérieur de ses frontières. Ce ne serait pas du tout dans l'intérêt du Pakistan de faire monter la tension le long de la LoC", a ajouté l'élu. Les médias pakistanais restent plutôt discrets dans la couverture de l'incident de mardi, ce qui n'est pas le cas en Inde où plusieurs commentateurs de télévision se déchaînent. La première formation de l'opposition indienne, le Bharatiya Janata Party, a invité le gouvernement à dénoncer l'action pakistanaise à la face du monde. "Le Pakistan doit être montré du doigt et dénoncé en tant que tel pour cette agression brutale", a dit à la presse le chef de file du BJP, Arun Jaitley. Les échanges de coups de feu et les accrochages mineurs sont fréquents le long de la LoC, qui court sur 740 km malgré un cessez-le-feu et un lent réchauffement des relations bilatérales. D'après l'armée indienne, huit de ses hommes ont été tués en 2012 à l'occasion de 75 incidents. Toutefois, les incursions de soldats sont rares de part et d'autre et, d'après un média indien, l'incident de mardi, qui s'est produit à environ 600 mètres de la ligne de démarcation, est le plus grave depuis la trêve convenue en 2003.

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