«Je pensais que j'allais mourir et tout ce que j'espérais c'était une mort sans souffrance.» Elle est belle Ons, avec sa chevelure folle et ses yeux rieurs. Et quand elle prononce cette phrase on se demande comment elle arrive à le faire sans faiblir. Le 14 janvier 2011, lorsque son père la dépose en voiture, avec ses deux soeurs, sur l'avenue Bourguiba, Ons ne sait pas encore qu'elle va vivre une journée particulière.
A midi il doit passer les récupérer. Mais Ons n'a pas décroché son téléphone quand l'heure est venue, parce qu'elle voulait rester plus longtemps. Alors son père est rentré à la maison et Ons est restée à hurler avec les autres devant le Ministère de l'intérieur. Sauf que quand les gaz lacrymogènes et les coups ont commencé à pleuvoir, elle a perdu ses soeurs. Elle s'est réfugiée, comme beaucoup, dans le centre commercial qui fait face au Ministère. Et puis une de ses soeurs lui a demandé de la rejoindre dans la rue. Ons est sorti.
«Il y avait des gens qui couraient partout, des policiers dans tous les sens, des gaz lacrymogènes. Devant un immeuble quelqu'un m'a fait signe d'entrer vite. On est monté se réfugier dans un appartement.»
Ils sont une cinquantaine, entassés dans les locaux d'une société de production audiovisuelle.
«Dans tous les appartements de l'immeuble il y avait des gens. Nous voulions sortir. On pensait qu'au bout d'un moment, ça allait se calmer. Mais les cris dehors continués, il y avait du gaz partout et on entendait des coups de feu. Les policiers ont fini par entrer dans l'immeuble à la recherche de manifestants. Quand ils sont arrivés à notre porte et qu'ils ont tapé en hurlant nous avons retenu notre souffle, personne n'a dit un mot. Et puis ils sont partis.»
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