lundi 9 janvier 2012

Le PS sceptique sur une taxe Tobin unilatérale

Le Parti socialiste français s'est déclaré lundi favorable à une taxe sur les transactions financières mais émet de fortes réserves sur le projet de Nicolas Sarkozy de la faire voter unilatéralement, en cas de désaccord des autres pays européens.
Cette idée est accueillie avec scepticisme à Berlin, où Nicolas Sarkozy se rend ce lundi pour rencontrer Angela Merkel.
La place financière de Paris et le Medef y sont opposés aussi, au motif qu'une taxe unilatérale handicaperait les banques françaises.
Le numéro deux du PS, Harlem Désir, a dit lundi sur Europe 1 qu'il approuvait l'idée, mais émet des doutes sur la manière dont Nicolas Sarkozy entend la mettre en oeuvre.
"Il y a un tel déficit de crédibilité de Nicolas Sarkozy, il est tellement dévalué auprès de ses partenaires européens, comme auprès des marchés, comme auprès des Français, que toute idée qu'il utilise, il est en train de la gâcher", a-t-il souligné.
"Si on veut une vraie taxe Tobin, il faut évidemment qu'il y ait un minimum de pays européens, notamment la France et l'Allemagne qui la mettent en oeuvre ensemble", a-t-il ajouté.
Le problème posé au PS est l'éventuel vote d'un texte s'il est présenté au Parlement avant la fin de la session en février, comme cela est envisagé. Le député socialiste Arnaud Montebourg a déclaré dimanche qu'il le voterait le cas échéant, bien qu'il considère cette initiative comme une manoeuvre.
L'entourage d'Harlem Désir n'a pas pu dire si une consigne générale de vote favorable serait donnée aux députés PS lorsque le texte sera présenté.
Idée phare de la gauche radicale reprise par les grands partis, la taxe dite "Tobin", du nom de l'économiste qui l'a imaginée dans les années 1970, consiste à appliquer aux transactions financières une imposition à un taux infime, dont le produit potentiel est très élevé compte tenu des masses financières échangées sur les places.
Sa mise en oeuvre est cependant complexe compte tenu de la mondialisation et de l'automatisation des marchés, et de nombreux spécialistes considèrent qu'il est improductif de la mettre en place dans un seul pays.
Plusieurs ministres ont soutenu l'idée du chef de l'Etat lundi matin. "L'Europe a la fâcheuse tendance d'aller un peu plus lentement que la musique. Je souhaite évidemment que les Allemands nous rejoignent et nous suivent, mais il faut aller vite. Il est temps que l'Union Européenne rattrape son retard", a dit le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, sur Radio Classique et Public Sénat.
Le ministre de l'Industrie Eric Besson a fait le parallèle avec la taxe sur les billets d'avion créée sous Jacques Chirac.
"Ça fait combien, 10 ans ou 15 ans qu'on parle de cette éventuelle taxe sur les transactions financières, on ne peut pas parler toujours et toujours dire qu'on ne le fait pas", a-t-il dit sur LCI. Selon lui, un vote en France peut entraîner les autres pays.
La candidate d'extrême-droite Marine Le Pen s'est également dite favorable à l'idée mais estimé qu'elle ne serait efficace qu'au plan européen. "Le problème de Nicolas Sarkozy, c'est qu'il est dans l'incantation", a-t-elle dit sur BFM TV.

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