lundi 19 décembre 2011

Les voisins de la Corée du Nord se préparent à l'inattendu

La mort de Kim Jong-il ouvre une période de transition dans l'une des régions les plus militarisées de la planète, que les voisins de la Corée du Nord vont scruter de près.
Dès l'annonce du décès du "Cher dirigeant" par l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA, l'armée sud-coréenne a été placée en état d'alerte. Au Japon le gouvernement a mis en place une cellule de crise.
Les Etats-Unis ont réaffirmé, eux ,leur "attachement à la stabilité de la péninsule coréenne et à la liberté et à la sécurité de (leurs) alliés".
Les dirigeants des trois pays se sont entretenus par téléphone.
La Chine et la Russie, deux des rares alliés du régime communiste autarcique de Pyongyang, ont exprimé leur tristesse et réaffirmé leur amitié, gages du maintien de la stabilité régionale.
En France, Alain Juppé s'est dit "vigilant sur les conséquences de cette succession".
"En espérant qu'un jour le peuple de Corée du Nord pourra retrouver sa liberté", a dit le ministre français des Affaires étrangères à l'unisson de son homologue britannique, William Hague.
Kim Jong-il est mort samedi à l'âge de 69 ans, emporté par une crise cardiaque. Son décès, après dix-sept années au pouvoir, engage une transition, la seconde seulement à Pyongyang depuis la fin de la guerre de Corée.
En désignant désormais son plus jeune fils, Kim Jong-un, comme "le grand héritier de la cause révolutionnaire du Juche et le chef exceptionnel de notre parti, de notre armée et de notre peuple", les médias nord-coréens ont semblé l'élever au rang d'héritier naturel de son père.
Mais on sait fort peu de choses sur la façon dont ce jeune homme pourrait diriger la Corée du Nord, son armée pléthorique forte d'un million de soldats et ses missiles dont Washington redoute qu'ils n'atteignent un jour les côtes américaines.
TEST DE MISSILE
Pyongyang a testé lundi un missile de courte portée au large de ses côtes est, ont rapporté les médias sud-coréens.
Un responsable sud-coréen dit à l'agence de presse Yonhap qu'il ne pensait pas que les deux événements soient liés. Le tir a probablement eu lieu dans la matinée, avant l'annonce de la télévision d'Etat à midi heure locale.
"Souvent dans des moments comme celui-ci, le régime peut tenter de prendre une initiative pour démontrer qu'il est toujours une puissance viable, qu'il est toujours une menace", estime Dane Chamorro, analyste spécialiste de l'Asie et du Pacifique pour Control Risks basé à Singapour.
La Corée du Sud, qui est toujours techniquement en guerre contre le Nord, a placé son armée en état d'alerte, rapporte l'agence Yonhap. Le président Lee Myung-bak a réuni son Conseil de sécurité nationale.
Au ministère de la Défense, on ne signale aucun mouvement de troupes inhabituel au nord de la DMZ, la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées depuis l'armistice de 1953.
Au Japon, le Premier ministre, Yoshihiko Noda, a constitué une cellule de crise pour étudier les développements en Corée du Nord et appelé les membres de son gouvernement à se préparer à toute conséquence inattendue. Mais le niveau d'alerte de la défense japonaise n'a pas été rehaussé.
Le Japon est particulièrement sensible à l'incertitude dans la péninsule coréenne: par le passé, Pyongyang a procédé à plusieurs essais de missiles en mer du Japon, qui sépare les deux pays. Plusieurs missiles ont même survolé le territoire japonais avant de s'abîmer dans le Pacifique.
Des ressortissants japonais ont également été enlevés par les services secrets nord-coréens.
UNE BARRIÈRE STRATÉGIQUE POUR LA CHINE
La réaction de la Chine a été plus lente à venir. Il a fallu attendre quatre heures après l'annonce de la mort de Kim Jong-il pour que le ministère des Affaires étrangères adresse les condoléances de Pékin au peuple nord-coréen.
"Nous ressentons une tristesse incomparable et offrons nos plus sincères condoléances au peuple nord-coréen", disent les dirigeants chinois dans un communiqué. "Le peuple chinois chérira sa mémoire pour toujours."
"Nous sommes certains que le peuple nord-coréen respectera la volonté du Camarade Kim Jong-il, se rassemblera autour du Parti des travailleurs coréens et transformera, sous la direction du Camarade Kim Jong-un, sa tristesse en force."
Pour de nombreux experts, sans le soutien de Pékin, la dynastie des Kim en Corée du Nord n'aurait pu se maintenir.
La Chine, où Kim Jong-il s'était rendu à quatre reprises ces dix-huit derniers mois, considère le régime de Pyongyang comme une barrière stratégique contre les Etats-Unis, militairement présents en Corée du Sud, et leurs alliés régionaux.
Mais cette barrière a un coût économique et diplomatique. Sur les sept premiers mois de l'année, le commerce bilatéral s'est élevé à 3,1 milliards de dollars, en hausse de près de 90% par rapport à la même période de l'année précédente.
La Russie, autre voisin ayant intérêt à une Corée stable, a fait part de ses condoléances. "Nous espérons que la perte qui frappe ce peuple ami n'affectera pas le développement futur de nos relations amicales", a dit le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
L'Australie, qui a combattu aux côtés du Sud pendant la guerre de Corée mais maintient des relations diplomatiques avec le Nord, a lancé un appel au calme et à la retenue, en particulier le long de la DMZ.

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