lundi 12 décembre 2011

La perte du triple A ne serait pas insurmontable, assure Sarkozy

Une dégradation de la note souveraine de la France par les agences de notation constituerait une difficulté de plus mais ne serait pas insurmontable, estime le président Nicolas Sarkozy dans une interview publiée lundi par Le Monde.
L'agence Standard & Poor's a placé sous surveillance négative les pays de la zone euro et menace d'abaisser de deux crans le AAA de la France, ce qui risque de renchérir le coût de ses emprunts sur les marchés financiers. Moody's menace de faire de même.
Un responsable gouvernemental français juge "probable" une dégradation de la note française, à laquelle le chef de l'Etat semble également se résigner.
Si les agences de notation retiraient son triple A à la France, "nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme", dit-il. "Ce serait une difficulté de plus mais pas insurmontable."
"Ce qui compte avant tout, c'est la crédibilité de notre politique économique et notre stratégie déterminée de réduction de nos dépenses", ajoute-t-il. "Nous respecterons scrupuleusement les engagements que nous avons pris."
Le Parti socialiste a riposté via l'ancien ministre des Affaires européennes Pierre Moscovici, qui a fustigé une "assertion invraisemblable" doublée d'un "terrible aveu d'échec"
"On ne peut pas s'empêcher de penser : 'tout ça pour ça'", a déclaré devant la presse le directeur de campagne de François Hollande, candidat PS à l'élection présidentielle.
"Au fond, tout cet effort d'austérité, toute cette rigueur accumulée est faite pour garder un triple A dont le président de la République lui-même pense qu'on risque de le perdre. Il y a une terrible contradiction", a-t-il ajouté.
"DEUX EUROPE"
Nicolas Sarkozy estime que l'accord conclu vendredi à Bruxelles sur un renforcement de la gouvernance et de la discipline budgétaire dans la zone euro - accord auxquels les autres pays de l'Union à l'exception du Royaume-Uni se sont joints - répond en partie aux préoccupations des agences de notation.
Il estime que la France et l'Allemagne ont fait "tout ce qu'il était possible de faire" pour éviter une explosion de la zone euro mais aussi pour que les Britanniques soient partie prenante à l'accord, ce qu'ils ont finalement refusé pour éviter d'être soumis à plus de régulation financière.
"Mais il y a désormais clairement deux Europe", admet Nicolas Sarkozy. "L'une qui veut davantage de solidarité entre ses membres et de régulation. L'autre qui s'attache à la seule logique du marché unique."
L'opposition répétée du Royaume-Uni à toute entrée dans la zone euro "ne peut être sans conséquence", et une sortie de ce pays du marché unique qui, dit-il n'est "pas d'actualité", serait "un grand appauvrissement" pour l'Union.
Les 26 pays signataires de l'accord de vendredi vont en mettre au point le contenu juridique dans les 15 jours et il pourrait entrer en vigueur à l'été 2012, précise-t-il.
"Il faut bien voir que c'est une autre Europe qui est en train de naître : celle de la zone euro, où les maîtres mots seront la convergence des économies, des règles budgétaires, de la fiscalité", ajoute le président français.
Il reste néanmoins prudent quant au risque d'explosion de l'Europe - "J'aimerais pouvoir dire qu'il est totalement écarté. Je m'en garderai pourtant."
Nicolas Sarkozy estime notamment que la question cruciale de la compétitivité de l'Europe et des conditions de sa croissance économique reste posée.
"Nous devrons donc évoquer avec nos partenaires de la zone euro les questions cruciales de l'industrie, de la politique commerciale, du marché du travail, de la recherche", dit-il.
SOUVERAINETÉ PARTAGÉE
Il récuse l'idée que l'accord de Bruxelles organise un transfert de souveraineté au profit des institutions de l'UE et lui préfère la notion de souveraineté partagée.
Il estime en revanche que le compromis de vendredi renforce la solidarité européenne, notamment avec la mise en oeuvre du Mécanisme européen de stabilité (MES) dès 2012 au lieu de 2013.
Enfin, pour Nicolas Sarkozy, le fait que la Banque centrale européenne (BCE) soit "l'agent opérationnel" du fonds européen en renforcera la crédibilité et l'efficacité.
Il dit vouloir s'en tenir à son accord tacite avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour éviter tout commentaire positif ou négatif sur l'action de la BCE.
Il ne s'en réjouit pas moins de l'intervention de la Banque centrale européenne pour éviter une crise du crédit via l'octroi de prêts à 1% sur trois ans aux banques.
"Je souhaite que l'action de la BCE, en soutenant la croissance économique, contribue aussi à apaiser les craintes infondées sur les dettes des Etats", ajoute-t-il. "Je fais confiance à la BCE pour, à l'avenir, décider de la force de son intervention."

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