mercredi 26 octobre 2011

Incertitude sur l'issue du sommet de la zone euro

A quelques heures d'un nouveau double sommet décisif à Bruxelles, l'incertitude la plus totale pesait mercredi sur la capacité des dirigeants européens à mettre un terme à la crise de la dette qui frappe l'Europe depuis deux ans et menace désormais d'emporter l'Italie et l'ensemble de la zone euro.
Un triple accord doit être entériné lors des réunions des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE puis de la zone euro : une réduction substantielle de la dette grecque via un effort significatif des banques, un plan de recapitalisation bancaire et une démultiplication des capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Mais, sur ces différents aspects, peu ou pas de progrès ont été réalisés depuis les sommets de dimanche, de nouveaux points de tension se faisant même plus présents sur le rôle de la Banque centrale européenne dans la gestion de crise ou le caractère volontaire ou non de la participation bancaire au nouveau plan de sauvetage à la Grèce.
Les divisions restent également importantes sur le niveau de la décote envisagée sur les titres grecs, qui devrait s'établir à au moins 50% mais pourrait aller bien au-delà, selon les voeux allemands.
Lors d'un discours au Bundestag, la chancelière Angela Merkel a déclaré que l'objectif des Européens devait être de ramener la dette grecque à 120% du PIB d'ici 2020.
"Je travaillerai jusqu'à trouver une solution viable", a-t-elle dit aux parlementaires allemands avant qu'ils se prononcent sur un plan visant à renforcer le FESF. "Nous devrons sans doute accompagner la Grèce pour une période assez longue."
Selon le rapport sur la soutenabilité de la dette grecque présenté par la troïka des bailleurs internationaux - Commission européenne, BCE et FMI - un tel objectif de réduction de dette passe par une décote de 50% sur les titres souverains grecs et par une aide publique réévaluée à 114 milliards d'euros.
Lors du sommet du 21 juillet, les dirigeants européens s'étaient entendus avec les banques sur un plan d'aide à Athènes prévoyant une décote de 21% sur les titres détenus par le secteur privé et une participation publique de 109 milliards d'euros.
LE CAS DE L'ITALIE
Le cadre défini samedi sur la recapitalisation des banques devrait quant à lui être endossé dans la même forme, c'est-à-dire en laissant ouverte la possibilité de garanties publiques de financement et sans communiquer le chiffre total des besoins des banques - attendu autour de 100 milliards d'euros -, selon un projet de conclusions que s'est procuré Reuters.
Sur le troisième et dernier volet de la réponse européenne, à savoir la formule permettant de démultiplier les capacités du FESF, les discussions restent en revanche ouvertes même si les bases d'un accord sont là.
La France et l'Allemagne se sont entendus pour travailler sur un double mécanisme d'assurance partielle des dettes souveraines émises par des pays en difficulté et sur la création d'un nouveau "véhicule spécial" qui lèverait des fonds avec la garantie du FESF pour racheter de la dette de ces pays sur le marché secondaire.
Une telle formule ne permettrait toutefois pas de communiquer un chiffre clair sur la nouvelle force de frappe du Fonds, un signe pourtant attendu par les marchés pour juger de sa capacité à aider des pays comme l'Italie, qui menace d'entraîner dans sa chute la zone euro toute entière.
Umberto Bossi, chef de file de la Ligue du Nord, a annoncé mardi soir qu'un accord avait été trouvé in extremis avec Silvio Berlusconi sur la réforme des retraites en Italie, mais a ajouté qu'il restait pessimiste quant aux chances de survie de la coalition au pouvoir.
Les dirigeants européens, emmenés par Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy, ont demandé dimanche à Silvio Berlusconi de présenter lors du Conseil européen de mercredi un plan solide permettant de redresser la croissance et de réduire la dette de l'Italie, de l'ordre de 1.800 milliards d'euros.
Le président du Conseil italien devrait s'exécuter.
ÂPRES DISCUSSIONS SUR LA BCE
Le rôle de la BCE dans la gestion de la crise a également été au centre des discussions ces dernières heures.
A l'insistance de l'Allemagne, une phrase indiquant que les chefs d'Etat et de gouvernement de la monnaie unique "soutenaient pleinement" la BCE dans son action pour assurer la stabilité des prix, "y compris via les mesures non conventionnelles dans l'environnement exceptionnel actuel des marchés financiers", a été retirée du texte des conclusions.
Mais plusieurs sources ont indiqué que cette opposition allemande portait plus sur la volonté de Berlin de ne pas apparaître comme donnant des instructions à l'institution de Francfort que sur un problème de fonds.
Le futur président de la BCE, l'Italien Mario Draghi, a toutefois coupé court au débat en déclarant que la Banque était prête à continuer à recourir à des méthodes non conventionnelles pour garantir la fluidité des marchés.
"L'Eurosystème est déterminé, avec ses mesures non conventionnelles, à éviter les dysfonctionnements des marchés financiers et monétaires qui bloquent la transmission (de la politique monétaire)", a-t-il dit, selon le texte d'un discours prononcé à Rome.
Cette formulation sur la transmission de la politique monétaire renvoie au langage choisi par l'actuel président de la BCE, Jean-Claude Trichet, pour justifier la poursuite du programme de rachats d'obligations sur le marché secondaire.

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