jeudi 4 août 2011

La saga Tapie-Adidas pas terminée, le chèque en suspens

L'ouverture d'une enquête sur l'ex-ministre de l'Economie française Christine Lagarde relance un feuilleton judiciaire vieux de presque deux décennies sur la revente en 1993 d'Adidas par le Crédit lyonnais.
Cette saga qui concerne l'ancien ministre de la Ville (1992-1993) et ex-président de l'Olympique de Marseille (1987-1993), a éclaboussé droite et gauche depuis 18 ans et a culminé avec la polémique suscitée en 2008 par l'attribution de 285 millions à Bernard Tapie.
Ce chèque pourrait être remis en cause au terme d'un long processus, estime le parquet général de la Cour de cassation.
Symbole de la conversion du PS à la libre entreprise, Bernard Tapie, 68 ans, était devenu dans les années 1980 proche du président François Mitterrand.
Sans apport personnel, c'est exclusivement grâce au concours du Crédit lyonnais, alors banque d'Etat, qu'il avait racheté des parts majoritaires de l'équipementier sportif en 1990.
Sa direction de cette société, qu'il disait "affaire de sa vie", avait été émaillée de polémiques, notamment lors des fermetures des dernières usines françaises, en Alsace.
En 1993, du fait de son entrée au gouvernement comme ministre de la Ville, il est contraint de vendre Adidas et une filiale du Crédit lyonnais lui remet alors 318 millions d'euros. La banque revend ensuite l'entreprise par le biais d'un montage off-shore, en décembre 1994, à Robert-Louis Dreyfus pour l'équivalent de 708 millions d'euros.
Ce dernier a ensuite valorisé le groupe Adidas en Bourse en novembre 1995 pour 1,676 milliard d'euros. Bernard Tapie, s'estimant floué, a alors engagé un long combat judiciaire avec le Crédit lyonnais.
Il avait remporté une première victoire devant la cour d'appel de Paris en 2005, qui lui accordait alors une indemnité de 135 millions d'euros. Cet arrêt avait cependant été annulé par la Cour de cassation en 2006.
Le dossier devait être rejugé en position favorable pour l'Etat et c'est alors que Christine Lagarde a choisi la voie de l'arbitrage privé, remis à l'ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud, l'avocat Jean-Denis Bredin et le magistrat en retraite Pierre Estoup. Leur impartialité est aujourd'hui très contestée, le troisième en particulier ayant été mis en cause dans d'autres arbitrages.
L'indemnité accordée, 285 millions d'euros, a scandalisé à droite comme à gauche, d'autant plus que Bernard Tapie, emprisonné en 1997 dans l'affaire du match truqué Valenciennes-OM, est une personnalité controversée.La suite...

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire