La majorité divisée sur le mariage homosexuel

Lors de la Marche des fiertés,le 25 juin dernier à Paris. Crédits photo : Christophe Morin/IP3 PRESS/MAXPPP

Alors qu'un grand nombre de parlementaires UMP sont opposés à toute évolution, certains poids lourds du parti commencent à prévoir de nouveaux droits.

Les lignes sont-elles en train de bouger au sein de la majorité sur la question du mariage homosexuel? Jusqu'à présent, seules quelques voix marginales à l'UMP s'étaient positionnées en faveur du mariage pour les couples homosexuels, comme Roselyne Bachelot, seule députée de droite à avoir voté pour le pacs, ouNadine Morano, qui n'a jamais hésité à aller à contre-courant de sa famille politique.
Mais ces derniers mois, plusieurs ministres, et non des moindres, se sont prononcés pour une évolution des droits des homosexuels: le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé s'est dit favorable au mariage homosexuel, reconnaissant qu'«on n'a pas aujourd'hui sur le mariage homosexuel, le même regard que celui qu'on avait il y a vingt ou trente ans». «Aujourd'hui, le mariage gay est considéré comme normal sur le plan des mœurs, confie-t-il en privé. Je suis persuadé que ça passerait, il y a une plus grande tolérance. Mais sur l'adoption, je le reconnais, je suis encore un peu bloqué…»

Discours mitigé à la tête de l'État

La ministre des Sports, Chantal Jouanno, qui cultive un profil «bobo» (bourgeois-bohème) au service de ses ambitions parisiennes, a elle aussi pris position pour l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels. «L'équilibre d'un couple ne menace pas la société», a-t-elle affirmé dans une interview à Têtu. Selon un sondage Ifop-Ouest France paru le 26 juin, 63% des Français sont favorables au mariage homosexuel tandis que 58% sont ouverts à l'adoption d'un enfant par un couple du même sexe. Et parmi les sympathisants de droite, 41% sont favorables au mariage et 37% à l'adoption.
Pourtant, à l'Élysée, le discours est beaucoup moins affirmatif. Si ces derniers temps, en public ou en privé, le chef de l'État s'est plu à afficher son ouverture sur le sujet en se disant notamment en faveur d'une évolution du pacs, qui pourrait être célébré en mairie, il reste opposé au mariage gay et à l'adoption des enfants par des couples homos. «Le président fait de plus en plus la distinction entre son opinion personnelle et ce qu'il considère comme ce qui est bon ou juste pour la société, confie un très proche conseiller. La gauche essaye de nous attirer sur ces sujets sociétaux parce qu'elle n'a rien d'autre à proposer. Il faut lui laisser ce terrain-là…» Même évolution limitée du côté de François Fillon, qui a récemment confié à ses proches qu'il ne «comprenait pas pourquoi le pacs n'(était) pas célébré en mairie». Mais le chef du gouvernement maintient son opposition au mariage en tant que tel et à l'adoption.suite d'infos....