Négociations indirectes entre rebelles libyens et Tripoli
Dans un entretien au Figaro, paru vendredi 24 juin, M. Shammam s'explique sur ces discussions entre les insurgés et le pouvoir : "Oui, des contacts sont en cours par le biais d'intermédiaires. Mais ces négociations ne sont jamais directes. Elles se déroulent parfois en Afrique du Sud, parfois à Paris, où Kadhafi a récemment envoyé un représentant pour nous parler." "Nous évoquons avec eux les mécanismes du départ de Kadhafi", poursuit le porte-parole du CNT, réaffirmant que la participation du leader libyen et de membres de sa famille à un futur gouvernement est "totalement exclue". "Nous considérons qu'il [Kadhafi] doit se résigner à partir ou bien accepter une mise en retraite dans une zone reculée de la Libye. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international", ajoute-t-il.
LE DÉPART DE KADHAFI COMME PRÉALABLE
"De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections", a encore souligné le porte-parole du CNT. Jeudi, à Benghazi, le vice-président du conseil, Abdul Hafiz Ghoga, invité à réagir aux propos de M. Shammam au Figaro, a toutefois déclaré, par la voix d'un interprète : "Il n'y a de contacts ni directs ni indirects avec le régime de Kadhafi."
Le mois dernier, Moustapha Abdeljalil, le chef des rebelles, avait affirmé que le départ de Mouammar Kadhafi du territoire libyen constituait un préalable à toute négociation de paix. A la mi-juin, l'émissaire russe envoyé à Tripoli, Mikhaïl Marguelov, avait fait état "de contacts directs entre Benghazi (fief de la rébellion dans l'Est) et Tripoli" en vue de sortir le pays de la crise. Les autorités libyennes ont confirmé l'existence de ces contacts, démentis jusqu'ici par la rébellion.
Plus de quatre mois après la naissance d'une révolte transformée en conflit armé, le leader libyen a promis dans un message audio diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi que "la bataille se poursuivra jusqu'à l'au-delà". Pays abritant le QG de l'opération de l'OTAN et des bases aériennes d'où décollent les bombardiers alliés, l'Italie a jeté un pavé dans la mare en dénonçant mercredi les raids contre les civils et l'enlisement du conflit qui a fait depuis le 15 février des milliers de morts. Son ministre des affaires étrangères, Franco Frattini, a ainsi estimé que "la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate" en Libye.
FRONT EST FIGÉ DEPUIS PLUSIEURS SEMAINES
Mais cette proposition a été aussitôt rejetée par la France, pour qui une pause, même humanitaire, risquerait de permettre à M. Kadhafi "de se réorganiser". Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a assuré que les opérations allaient "continuer" pour éviter que "d'innombrables civils supplémentaires perdent la vie". "Je souhaiterais bien avoir un cessez-le-feu (pour permettre) le passage de l'aide humanitaire", a dit le général Charles Bouchard, à la tête de l'opération de l'OTAN en Libye. Mais, a-t-il mis en garde, le régime pourrait en profiter pour se réarmer.
Sur le front de l'Est, figé depuis plusieurs semaines, le colonel rebelle Ahmed Omar Bani a exhorté jeudi les alliés à fournir des armes, des équipements d'entraînement et des systèmes de communication. L'OTAN a déjà prolongé la campagne "Protecteur unifié" jusqu'en septembre, malgré la grogne qui s'élève dans les rangs de certaines armées alliées et les Parlements nationaux, comme à Washington.pour la suite.
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