Un changement de candidat à l'Elysée imposé par un scénario digne de Hollywood, une primaire réussie, des luttes fratricides et un début de campagne brouillon: l'année 2011 du Parti socialiste aura été celle de toutes les surprises.
Commencée au rythme soutenu imposé par des sondages dithyrambiques pour Dominique Strauss-Kahn, favori incontesté de l'élection présidentielle jusqu'à sa chute un samedi de printemps dans un hôtel de New York, elle se termine à l'orée d'une ligne droite de quatre mois qui sera celle de tous les espoirs, et de tous les dangers, pour François Hollande.
Concurrent parmi d'autres en début d'année, le député de Corrèze s'est mué en homme neuf au point de remporter haut la main une primaire qui a passionné les Français et d'apparaître comme celui capable de battre Nicolas Sarkozy en mai 2012.
Objectif: ramener au pouvoir une gauche d'autant plus fébrile qu'elle attend cela depuis 23 ans.
10 mai 2011. De retour de Château-Chinon où il a rendu hommage à François Mitterrand, élu 30 ans plus tôt à l'Elysée, François Hollande signe une affiche souvenir déployée au siège parisien du PS: "10 mai 1981: j'y étais. C'était le plus beau jour de ma vie politique. En attendant la suite ?"
Bronzé et aminci, l'élu serre des mains, pose pour un photographe amateur, embrasse un enfant. Clairement en campagne, le "candidat normal" autoproclamé n'est encore qu'un outsider.
En ce printemps sec, la France attend le retour gagnant d'un autre homme, résidant à Washington, dont chaque geste, chaque passage à Paris créent l'événement. A la tête du Fonds monétaire international, le "candidat-pas-encore déclaré" Dominique Strauss-Kahn fait figure d'homme providentiel pour affronter la crise et d'adversaire à la mesure de Nicolas Sarkozy.
Au PS, tout est prêt pour le mener vers la victoire, qui doit toutefois passer par une case primaire imposée par un secrétaire national à la Rénovation zélé, Arnaud Montebourg.
STUPEURS ET TREMBLEMENTS
Aux commandes du parti depuis le fratricide congrès de Reims de 2008, Martine Aubry a apaisé les esprits des socialistes, qui ont accouché d'un projet adoubé par les militants appelé à servir de base au futur candidat.
Ce 10 mai 2011, qui tombe un mardi, il fait très beau. Quatre jours plus tard, un "coup de tonnerre" éclate.
Au coeur de la nuit parisienne, les téléphones portables vibrent à mesure que se répand une nouvelle venue d'outre-Atlantique: Dominique Strauss-Kahn a été arrêté pour tentative de viol d'une femme de chambre à New York.
Stupeurs et tremblements dans tout le pays et au PS, contraint de revoir son scénario pour 2012 à une vitesse aussi vertigineuse que celle de la chute de son ancien favori, définitivement écarté de la course par les révélations sur ses rapports au sexe et aux femmes qui s'étalent dans les journaux du monde entier.
Le choc passé, les cartes rebattues par l'incroyable fait divers donneront à la primaire socialiste une saveur inédite.
François Hollande, en campagne depuis deux ans, s'installe en tête des sondages devant une Martine Aubry indécise qui attendra la date limite du 28 juin pour se lancer dans la course, laissant brièvement les rênes du PS à Harlem Désir.
La campagne interne évite le pugilat redouté et l'université d'été de La Rochelle, fin août, voit se croiser sans dommage cinq candidats réunis tout sourire pour la photo de famille: François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls.
Principale rivale de son prédécesseur à la tête du PS, la maire de Lille lance à la rentrée une campagne tardive mais musclée, truffée de piques à l'encontre du "candidat du système", un homme "flou", adepte d'une "gauche molle" - des arguments appelés à être repris mot pour mot par la droite.
TOUT RESTE À FAIRE
Contre toute attente, la primaire passionne. Trois débats télévisés sans paillettes sont suivis par des millions de téléspectateurs. La participation au scrutin des 9 et 16 octobre est massive, avec plus de trois millions de votants au total contre un million espéré.
Inattendu "troisième homme" du premier tour avec 17% des voix, le chantre de la "démondialisation" Arnaud Montebourg savoure son score sur scène avec sa compagne, la journaliste Audrey Pulvar.
L'histoire retiendra aussi les larmes de dépit de la jusqu'alors insubmersible Ségolène Royal, quatrième à moins de 7%. Quatre ans après sa défaite contre Nicolas Sarkozy, l'histoire de l'ancienne ministre a tourné en faveur du père de ses quatre enfants.
Désigné sur un score sans appel (56%), François Hollande apparaît sur le perron du siège du PS main dans la main avec Martine Aubry, déçue mais fair-play.
Intronisé une semaine plus tard devant un parterre d'amis et d'anciens rivaux désormais rassemblés sous sa bannière, le candidat désigné donne "rendez-vous le 6 mai, pour la victoire".
La séquence primaire passée, la politique reprend vite ses droits, laissant François Hollande louvoyer entre les salves de la droite et les soubresauts de son propre camp.
Traité de "Babar" par le ministre de l'Education, Luc Chatel, de "capitaine de pédalo" par le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, il pâtit de l'imbroglio qui accompagne l'accord passé entre le PS et les écologistes.
Les accusations portées contre la fédération PS du Pas-de-Calais, les tensions entre le parti et les alliés historiques du candidat font patiner un début de campagne animé par une équipe d'une soixantaine de personnes dirigée par l'ancien "strauss-kahnien" Pierre Moscovici.
Sur l'Europe, le nucléaire, les retraites, la dette, la droite fait un procès en "irresponsabilité" au candidat qui esquive avec soin, laissant ses lieutenants répliquer pour lui.
"Rien ne me détournera", répète François Hollande, qui a fait de la défense de la jeunesse, de la maîtrise des déficits publics, de la justice et du "patriotisme industriel" les grands axes de son "rêve français".
La campagne sera "âpre et dure", prédit-il.
Un député acquiesce: "On a en face de nous des tueurs qui sont prêts à tout, pas d'état d'âme, c'est la culture bonapartiste".
Comme tous les socialistes, il sait que tout reste à faire: "Je ne serai rassuré qu'au soir du deuxième tour".
Commencée au rythme soutenu imposé par des sondages dithyrambiques pour Dominique Strauss-Kahn, favori incontesté de l'élection présidentielle jusqu'à sa chute un samedi de printemps dans un hôtel de New York, elle se termine à l'orée d'une ligne droite de quatre mois qui sera celle de tous les espoirs, et de tous les dangers, pour François Hollande.
Concurrent parmi d'autres en début d'année, le député de Corrèze s'est mué en homme neuf au point de remporter haut la main une primaire qui a passionné les Français et d'apparaître comme celui capable de battre Nicolas Sarkozy en mai 2012.
Objectif: ramener au pouvoir une gauche d'autant plus fébrile qu'elle attend cela depuis 23 ans.
10 mai 2011. De retour de Château-Chinon où il a rendu hommage à François Mitterrand, élu 30 ans plus tôt à l'Elysée, François Hollande signe une affiche souvenir déployée au siège parisien du PS: "10 mai 1981: j'y étais. C'était le plus beau jour de ma vie politique. En attendant la suite ?"
Bronzé et aminci, l'élu serre des mains, pose pour un photographe amateur, embrasse un enfant. Clairement en campagne, le "candidat normal" autoproclamé n'est encore qu'un outsider.
En ce printemps sec, la France attend le retour gagnant d'un autre homme, résidant à Washington, dont chaque geste, chaque passage à Paris créent l'événement. A la tête du Fonds monétaire international, le "candidat-pas-encore déclaré" Dominique Strauss-Kahn fait figure d'homme providentiel pour affronter la crise et d'adversaire à la mesure de Nicolas Sarkozy.
Au PS, tout est prêt pour le mener vers la victoire, qui doit toutefois passer par une case primaire imposée par un secrétaire national à la Rénovation zélé, Arnaud Montebourg.
STUPEURS ET TREMBLEMENTS
Aux commandes du parti depuis le fratricide congrès de Reims de 2008, Martine Aubry a apaisé les esprits des socialistes, qui ont accouché d'un projet adoubé par les militants appelé à servir de base au futur candidat.
Ce 10 mai 2011, qui tombe un mardi, il fait très beau. Quatre jours plus tard, un "coup de tonnerre" éclate.
Au coeur de la nuit parisienne, les téléphones portables vibrent à mesure que se répand une nouvelle venue d'outre-Atlantique: Dominique Strauss-Kahn a été arrêté pour tentative de viol d'une femme de chambre à New York.
Stupeurs et tremblements dans tout le pays et au PS, contraint de revoir son scénario pour 2012 à une vitesse aussi vertigineuse que celle de la chute de son ancien favori, définitivement écarté de la course par les révélations sur ses rapports au sexe et aux femmes qui s'étalent dans les journaux du monde entier.
Le choc passé, les cartes rebattues par l'incroyable fait divers donneront à la primaire socialiste une saveur inédite.
François Hollande, en campagne depuis deux ans, s'installe en tête des sondages devant une Martine Aubry indécise qui attendra la date limite du 28 juin pour se lancer dans la course, laissant brièvement les rênes du PS à Harlem Désir.
La campagne interne évite le pugilat redouté et l'université d'été de La Rochelle, fin août, voit se croiser sans dommage cinq candidats réunis tout sourire pour la photo de famille: François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls.
Principale rivale de son prédécesseur à la tête du PS, la maire de Lille lance à la rentrée une campagne tardive mais musclée, truffée de piques à l'encontre du "candidat du système", un homme "flou", adepte d'une "gauche molle" - des arguments appelés à être repris mot pour mot par la droite.
TOUT RESTE À FAIRE
Contre toute attente, la primaire passionne. Trois débats télévisés sans paillettes sont suivis par des millions de téléspectateurs. La participation au scrutin des 9 et 16 octobre est massive, avec plus de trois millions de votants au total contre un million espéré.
Inattendu "troisième homme" du premier tour avec 17% des voix, le chantre de la "démondialisation" Arnaud Montebourg savoure son score sur scène avec sa compagne, la journaliste Audrey Pulvar.
L'histoire retiendra aussi les larmes de dépit de la jusqu'alors insubmersible Ségolène Royal, quatrième à moins de 7%. Quatre ans après sa défaite contre Nicolas Sarkozy, l'histoire de l'ancienne ministre a tourné en faveur du père de ses quatre enfants.
Désigné sur un score sans appel (56%), François Hollande apparaît sur le perron du siège du PS main dans la main avec Martine Aubry, déçue mais fair-play.
Intronisé une semaine plus tard devant un parterre d'amis et d'anciens rivaux désormais rassemblés sous sa bannière, le candidat désigné donne "rendez-vous le 6 mai, pour la victoire".
La séquence primaire passée, la politique reprend vite ses droits, laissant François Hollande louvoyer entre les salves de la droite et les soubresauts de son propre camp.
Traité de "Babar" par le ministre de l'Education, Luc Chatel, de "capitaine de pédalo" par le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, il pâtit de l'imbroglio qui accompagne l'accord passé entre le PS et les écologistes.
Les accusations portées contre la fédération PS du Pas-de-Calais, les tensions entre le parti et les alliés historiques du candidat font patiner un début de campagne animé par une équipe d'une soixantaine de personnes dirigée par l'ancien "strauss-kahnien" Pierre Moscovici.
Sur l'Europe, le nucléaire, les retraites, la dette, la droite fait un procès en "irresponsabilité" au candidat qui esquive avec soin, laissant ses lieutenants répliquer pour lui.
"Rien ne me détournera", répète François Hollande, qui a fait de la défense de la jeunesse, de la maîtrise des déficits publics, de la justice et du "patriotisme industriel" les grands axes de son "rêve français".
La campagne sera "âpre et dure", prédit-il.
Un député acquiesce: "On a en face de nous des tueurs qui sont prêts à tout, pas d'état d'âme, c'est la culture bonapartiste".
Comme tous les socialistes, il sait que tout reste à faire: "Je ne serai rassuré qu'au soir du deuxième tour".
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