Saïf al Islam Kadhafi, fils le plus engagé en politique de Mouammar Kadhafi, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi dans le sud de la Libye par des combattants de Zentane, qui ont décidé de le placer en détention dans leur ville jusqu'à ce qu'ils puissent le livrer au gouvernement libyen en cours de formation.
Saïf al Islam sera jugé dans son pays plutôt que d'être transféré devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui a lancé contre lui un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité, a déclaré samedi le ministre libyen de l'Information Mahmoud Chammam.
A La Haye, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a annoncé qu'il allait se rendre en Libye dans une semaine pour évoquer le sort de Saïf al Islam. "Je vais me rendre en Libye pour parler de la façon dont nous gérerons le dossier. Mais la nouvelle, c'est que Saïf sera jugé. Où et comment, c'est ce dont nous discuterons", a-t-il dit à la presse.
L'Otan a déclaré faire confiance aux autorités libyennes et à la CPI pour que Saïf al Islam soit jugé. "Nous prenons note de l'arrestation de Saïf al Islam. Nous faisons confiance aux autorités libyennes et à la CPI pour faire en sorte que la justice suive son cours et que la Libye nouvelle puisse se construire sur l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme", a dit Oana Lungescu, porte-parole de l'Otan.
L'Union européenne a exhorté pour sa part Tripoli à faire en sorte que Saïf al Islam soit traduit devant la justice en coopération avec la CPI.
DES ARMES ET DES DOLLARS SAISIS
Des scènes de liesse dans toute la Libye ont accompagné l'annonce de la capture de celui qui fit un temps figure de réformateur et de dauphin de son père, mais qui jura de combattre jusqu'au bout sur le sol libyen après le début de l'insurrection en février dernier.
Celui qui jurait de périr l'arme à la main a été arrêté sans coup férir, dans la nuit de vendredi à samedi, et il n'a ainsi pas été blessé pendant l'opération, contrairement à son père qui fut tué voici près d'un mois, le 20 octobre, après avoir été capturé près de Syrte.
"Au début, il était paniqué. Il pensait que nous allions le tuer", a déclaré à Reuters l'un des hommes qui l'ont capturé, Ahmed Ammar.
Une quinzaine de combattants originaires de Zentane, circulant à bord de trois véhicules, sont intervenus sur la foi d'un renseignement faisant mention d'un fugitif de haut rang, et ont intercepté deux voitures transportant Saïf al Islam, âgé de 39 ans, et quatre autres personnes.
L'arrestation s'est déroulée vendredi à 23h30 GMT, soit 01h30 heure locale, en plein désert, à 70 km de la petite ville pétrolière d'Obari, au sud-ouest de l'oasis de Sebha.
Les combattants ont tiré en l'air et au sol pour faire stopper les véhicules suspects. Puis ils ont demandé l'identité des voyageurs. L'homme qui semblait être leur chef a répondu qu'il était "Abdelsalam" - nom qui désigne généralement un "messager de paix". Mais les combattants l'ont vite reconnu et l'ont maîtrisé sans le moindre heurt.
Des armes à feu et plusieurs milliers de dollars en espèces ont été saisis à bord des véhicules des fugitifs. Selon Ahmed Ammar, Saïf al Islam se cachait sans doute depuis un certain temps dans le désert entre Bani Walid, où il avait été vu pour la dernière fois, et Obari. Il cherchait vraisemblablement à passer au Niger voisin, ont déclaré les combattants.
CAMERON DEMANDE UN PROCÈS ÉQUITABLE
Dans l'avion-cargo qui le conduisait à Zentane, Saïf al Islam, qui n'avait pas été menotté, a dit à Reuters être bien portant et a précisé que les bandages qu'il portait à trois doigts étaient dus à une blessure subie lors d'un raid de l'Otan voici un mois.
La chaîne de télévision Free Libya a diffusé une photo montrant Saïf al Islam après son arrestation. On le voit une main bandée, les jambes sous une couverture, allongé sur un canapé.
A l'arrivée de l'appareil à Zentane, le captif n'a pu descendre, à cause de la présence sur la piste d'une foule le menaçant. Certains manifestants ont même tenté de monter à bord de l'avion mais ils ont été refoulés par les combattants.
C'est en tout cas à Zentane que les combattants entendent garder prisonnier Saïf al Islam, jusqu'à ce qu'ils puissent le livrer au gouvernement que doit(...)Lire la suite.
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