La Syrie ne participera pas à la réunion de la Ligue arabe, ce mercredi à Rabat (Maroc), qui doit entériner la décision de l'organisation panarabe de suspendre Damas de ses instances pour protester contre la poursuite de la répression des manifestations hostiles au président Bachar al Assad.
"A la lumière des déclarations de responsables au Maroc, la Syrie a décidé de ne pas participer à la réunion à Rabat", rapporte l'agence de presse officielle syrienne sans fournir plus d'explications.
Pour la première fois depuis le début du soulèvement populaire mi-mars, une installation militaire près de Damas a été attaquée tôt mercredi par des déserteurs de l'armée syrienne, selon des militants de l'opposition.
Des membres de l'Armée syrienne libre ont procédé à des tirs de roquette et de mitrailleuse sur l'installation des services de renseignement des forces aériennes syriennes, située au nord de la capitale vers 00h30 GMT.
L'attaque a été suivie d'une fusillade et des hélicoptères ont survolé la zone, ont indiqué des sources proches de l'opposition.
"J'ai entendu plusieurs explosions, des échanges de tirs de mitrailleuses", a dit un habitant de la banlieue de Harasta, qui a requis l'anonymat.
Les services de renseignement des forces aériennes et de l'armée orchestrent la répression des manifestations hostiles au régime qui a fait plus de 3.500 morts depuis la mi-mars, selon l'Onu.
Lundi, dans la seule province de Deera, soixante-neuf personnes ont été tuées dans des accrochages entre déserteurs et forces de sécurité, a indiqué l'Organisation syrienne pour les droits de l'homme.
Les autorités syriennes imputent les troubles à des "groupes terroristes armés" bénéficiant du soutien de l'étranger et font état de 1.100 militaires et policiers tués depuis le début du soulèvement populaire lancé dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne.
PRESSIONS
A la veille de la réunion à Rabat, les autorités syriennes ont remis en liberté un millier de personnes interpellées pendant l'insurrection, dont l'opposant de premier plan Kamal Labouani.
Huit mois après le début de la répression, la pression s'accentue sur Bachar al Assad qui apparaît de plus en plus isolé alors que les appels à la démission se multiplient.
Un départ de Bachar al Assad du pouvoir en Syrie est devenu inévitable, a ainsi estimé mardi le prince saoudien Tourki al Faiçal, ancien chef des services de renseignement et voix influente au sein de la famille régnante.
Le président Assad a clarifié son jeu en refusant de mettre fin au bain de sang et d'entamer un dialogue politique, comme le lui demandait la Ligue arabe dans le plan qu'elle a présenté le 2 novembre, a-t-il di.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a quant à lui déclaré que le régime syrien avait laissé passer sa dernière chance de mettre fin à la crise.
"Nous avons donné une dernière occasion au régime syrien mais il ne l'a pas saisie", a-t-il dit.
La Turquie, qui n'est pas membre de la Ligue arabe, est favorable à des "sanctions ayant des conséquences qui épargnent le peuple syrien."
La Russie, alliée de Damas, a critiqué la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie et accusé l'Occident d'encourager la population syrienne au soulèvement. Mardi, Moscou a exhorté les groupes d'opposition syriens à entamer un dialogue avec le gouvernement.
Les opposants, emmenés par le président du CNS, Bourhan Ghalioun, ont demandé à la Russie de se joindre aux appels de la communauté internationale à la démission de Bachar al Assad.
Le 5 octobre, Russie et Chine avaient joint leurs forces au Conseil de sécurité des Nations unies pour opposer leur veto à un projet de résolution des Occidentaux condamnant la répression.
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