Le gouvernement égyptien a annoncé sa démission au troisième jour d'affrontements meurtriers opposant forces de l'ordre et manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire en Egypte qui fait face à sa plus grave crise depuis la chute de Hosni Moubarak.
Peu après l'annonce, la télévision publique a affirmé que l'armée avait refusé cette démission, citant une source militaire. Mais le ministre de l'Information Osama Haikel, cité par l'agence officielle Mena, a déclaré ensuite que l'armée ne s'était pas encore prononcée.
Le gouvernement a présenté sa démission au Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis le départ du président Moubarak en février "au vu des circonstances difficiles que traverse actuellement le pays", avait annoncé son porte-parole Mohamed Hijazi, cité par l'agence officielle Mena.
Sur la place Tahrir, les dizaines de milliers de manifestants scandaient toujours "Le peuple veut la chute du maréchal" Hussein Tantaoui, à la tête du conseil militaire et dirigeant de facto de l'Egypte.
"C'est bien. Maintenant c'est le CSFA qui doit démissionner et répondre de ses actes devant nous", a réagi Tarek Sabri, un enseignant de 35 ans.
"Nous avons besoin d'un gouvernement qui a de véritables pouvoirs. Aucun gouvernement sous l'égide du CSFA n'a de valeur", a renchéri Mohammed al-Hita, un militant de 24 ans.
Cette démission intervient à une semaine des premières élections législatives depuis depuis le départ de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par une révolte populaire le 11 février, alors que les heurts font craindre que le scrutin, qui doit s'étaler sur plusieurs mois, soit émaillé de violences.
Selon le ministère de la Santé, 24 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées au cours des trois derniers jours d'affrontements, notamment sur la place Tahrir au Caire, épicentre du soulèvement populaire du début de l'année.
La colère gronde de plus en plus contre le conseil militaire accusé de vouloir se maintenir au pouvoir, de ne pas tenir ses promesses de réformes et de poursuivre la politique de répression de l'ère Moubarak.
Des mouvements égyptiens, dont la Coalition des jeunes de la révolution et le mouvement du 6 avril, ont appelé à une manifestation massive mardi à 16H00 (14H00 GMT) sur la place Tahrir pour réclamer la fin du pouvoir militaire et la formation d'un "gouvernement de salut national".
Et des dizaines de diplomates égyptiens ont appelé à "la fin immédiate des attaques contre les manifestants pacifiques".
Au Caire, 21 personnes sont décédées par des balles réelles ou mortes d'asphyxie en raison des nombreux tirs par la police de grenades lacrymogènes, selon le responsable d'une morgue. Un homme avait péri samedi à Alexandrie (nord).
Le ministère de l'Intérieur a accusé dans un communiqué les manifestants d'avoir lancé des cocktails molotov et tiré avec des fusils de chasse sur les forces de l'ordre, faisant 112 blessés dans leurs rangs. Le communiqué fait état de "116 émeutiers arrêtés au Caire, 46 à Alexandrie et 29 à Suez".
Dans le même temps, la Ligue arabe, qui s'exprimait pour la première fois sur ces événements, a appelé au calme, exhortant les acteurs politiques à travailler au "changement démocratique".
Sur la place Tahrir, la police tirait toujours des grenades lacrymogènes sur les manifestants, qui répondaient en jetant des pierres, répartis en petits groupes sur la place et aux alentours de ce lieu emblématique.
Les accrochages les plus durs se déroulaient aux abords du ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des(...)Lire la suite.
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