Trois proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire, Thierry Gaubert et Brice Hortefeux sont désormais mis en cause dans l'affaire de Karachi, soit pour son volet financier, soit pour des interventions intempestives.
L'épouse de Thierry Gaubert, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, a dit sur Europe 1 et au quotidien Le Monde avoir vu son mari ramener de l'argent en espèces après des voyages en Suisse en compagnie de Ziad Takieddine, autre mis en examen.
La police judiciaire l'a interrogée pendant neuf heures le 8 septembre sur ce dossier.
"Je confirme ce que j'ai dit pour les voyages de mon mari, surtout à l'étranger et son retour avec des sacoches. Il y avait de l'argent mais je ne sais pas d'où l'argent venait", a-t-elle dit dans une interview diffusée samedi sur Europe 1.
Thierry Gaubert et Ziad Takieddine, que l'enquête a identifié comme un intermédiaire sur des contrats d'armement, allaient à Genève et Londres avant de revenir à Paris, a-t-elle ajouté.
Son mari lui disait qu'il remettait l'argent à Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon et directeur de sa campagne présidentielle.
"Je ne l'ai pas vu venir chez moi mais c'est ce que mon mari me disait", a-t-elle expliqué.
SAISIE D'UN RELEVÉ DE TRANSFERT DE FONDS ?
Elle conteste avoir fait ces déclarations dans le cadre d'un conflit avec son mari, avec lequel elle est en instance de divorce.
Sur Le Monde.fr, elle fait état de menaces émanant de son mari. "Il m'a dit: 'Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés'. Il ne fallait absolument pas que je parle des comptes à l'étranger et des remises d'argent."
Le site internet Mediapart, qui dit avoir eu accès aux procès-verbaux, affirme que l'ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy a tenté de faire pression sur sa femme pour qu'elle endosse la responsabilité de comptes ouverts à l'étranger.
Hélène Gaubert a remis à la police l'enregistrement de ces menaces avant de révéler les opérations de son mari, précise le site d'information.
Takieddine, Gaubert et Bazire sont tous trois mis en examen dans cette affaire. Ces deux derniers sont des proches de Nicolas Sarkozy, qui était porte-parole de la campagne d'Edouard Balladur et ministre du Budget à cette époque.
L'affaire pourrait avoir un lien avec l'attentat de Karachi, au Pakistan, qui a tué en 2002 onze Français qui travaillaient sur ce marché d'armement.
Selon Europe 1, les policiers qui enquêtent sur le financement controversé de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 ont découvert lors d'une perquisition au domicile de Thierry Gaubert des documents bancaires.
Parmi ces documents figurerait un relevé du transfert de fonds de 10 millions de francs effectué entre un compte bancaire en Suisse et un paradis fiscal. Cette somme pourrait correspondre à l'argent en espèces considéré comme litigieux dans les comptes de campagne d'Edouard Balladur, dit la radio.
"Le compte suisse de M. Gaubert existe bien et on sait qu'il était alimenté de l'étranger, même si le lien avec les commissions des contrats d'armement n'est pas prouvé", a dit une source judiciaire à Reuters.
HORTEFEUX MIS EN CAUSE
De son côté, Brice Hortefeux a été mis en cause dans l'affaire Karachi pour ses interventions supposées dans l'enquête du juge Renaud Van Ruymbeke.
L'opposition de gauche et les syndicats de magistrats soupçonnent l'ancien ministre de l'Intérieur d'avoir bénéficié de fuites sur l'enquête et tenté d'en informer Thierry Gaubert pendant sa garde à vue.
Le parquet de Paris a annoncé en conséquence vendredi soir l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel et recel de ce délit.
Mais l'un des syndicats de magistrats et des parties civiles réclamaient une enquête indépendante confiée à une d'instruction.
Ils s'étonnent en outre que l'enquête soit confiée au directeur central de la police judiciaire, puisque cela revient à lui demander d'effectuer...La suite.
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