mardi 20 septembre 2011

Mahmoud Abbas maintient son projet malgré les pressions

Mahmoud Abbas a confirmé lundi à Ban Ki-moon qu'il comptait mettre à exécution son projet de demande de reconnaissance à part entière d'un Etat palestinien par les Nations unies, où les tractations se poursuivent pour éviter l'épreuve de force.
Pour les Etats-Unis et Israël, la démarche initiée par le président de l'Autorité palestinienne est susceptible de déboucher sur une catastrophe.
Rencontrant le secrétaire général de l'Onu au siège new-yorkais de l'organisation, Mahmoud Abbad a réitéré son intention de demander cette semaine un vote du Conseil de sécurité sur cette question explosive, et ce malgré la certitude d'un veto américain, a dit son porte-parole, Nabil Abou Rdaineh.
Le secrétaire général, par qui doit passer toute requête de la sorte, a répondu à son interlocuteur qu'il "agirait conformément à la charte des Nations unies". Selon son porte-parole, Martin Nesirky, il a invité Israéliens et Palestiniens à retourner à la table de négociation "dans le cadre d'une formule légitime et équilibrée".
Les grandes puissances du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu) ont discuté jusque tard lundi soir pour tenter de relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens, suspendus depuis un an après une brève tentative de relance menée par le président américain Barack Obama.
D'autres réunions sont prévues tout cette semaine alors que les Etats-Unis ont dit qu'ils étaient prêts à opposer leur veto à toute reconnaissance de plein droit d'un Etat palestinien.
"Nous avons clairement affiché notre position, à savoir que nous nous opposons aux actions visant à aboutir à un Etat palestinien par le biais des Nations unies", a redit Ben Rhodes, conseiller national adjoint à la sécurité de Barack Obama.
Pour l'heure, aucune rencontre bilatérale n'est programmée entre le président américain et le président de l'Autorité palestinienne mais, a-t-il ajouté, il demeure possible de modifier les agendas des deux dirigeants, qui sont tous deux à New York.
"TROIS OU QUATRE JOURS POUR TROUVER UNE SOLUTION"
Mahmoud Abbas doit en revanche s'entretenir mardi avec Nicolas Sarkozy.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui a rencontré lundi le président palestinien, a estimé que le statu quo entre Israël et la Palestine n'était ni acceptable ni tenable et comportait un risque d'explosion de violence.
Mais il a jugé aussi que la démarche palestinienne doublée de la menace de veto américain était explosive. "Si les Etats-Unis opposent leur veto, rien ne se passera sauf la reprise des violences parce que la population palestinienne sera frustrée. Nous devons éviter une telle confrontation. Nous avons trois ou quatre jours pour trouver une solution", a-t-il dit. Le président de l'Autorité palestinienne, qui a dévoilé son jeu vendredi dans un discours retransmis à la télévision avant de partir pour New York, a déclaré que la situation était devenue "infernale" depuis sa décision de demander la reconnaissance d'un Etat palestinien par l'Onu.
Face à l'impasse des négociations de paix avec Israël, l'Autorité palestinienne entend demander la reconnaissance d'un Etat dans les frontières de 1967 avant la guerre des Six-Jours, et l'occupation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Elle dispose actuellement d'un statut d'"entité non-membre" participant à titre d'observateur aux travaux de l'Onu.
L'octroi d'une reconnaissance d'Etat de droit requiert l'approbation du Conseil de sécurité de l'Onu où les Etats-Unis ont un droit de veto. Pour contourner ce veto, Mahmoud Abbas pourrait demander un statut d'"Etat non-membre", à l'instar du Vatican, qui requiert un simple vote à la majorité de l'Assemblée générale. Ce statut permettrait notamment à l'Autorité palestinienne de contester devant la Cour pénale internationale les colonies juives.
"APRÈS, NOUS VERRONS"
Ce n'est pas la voie qu'a retenue le président de l'Autorité palestinienne, estimant que le dialogue bilatéral amorcé dès les accords d'Oslo, en 1993, a échoué.
"Nous avons décidé de prendre cette décision et c'est alors qu'un enfer s'est abattu sur et contre nous", a-t-il dit dans l'avion qui le menait à New York. "Dorénavant et jusqu'à ce que je prononce mon discours (à l'assemblée générale de l'Onu, ndlr), nous n'avons qu'un seul choix: aller devant le Conseil de securité. Après, nous verrons et déciderons".
Les négociations directes entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avaient été relancées le 2 septembre 2010 par Barack Obama, ont été interrompues quelques semaines plus tard, à l'expiration d'un moratoire de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée.
Les Palestiniens estiment que le développement de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est minent les chances de création d'un Etat palestinien réunissant ces territoires et la bande de Gaza.
L'Autorité palestinienne, qui tient Israël pour responsable de l'échec du processus de paix, affirme que la demande d'adhésion d'un Etat à l'Onu permettrait une reprise des négociations avec l'Etat hébreu.La suite...

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