mardi 12 juillet 2011

La France capitule-t-elle devant le colonel Kadhafi ?

La France capitule-t-elle devant le colonel Kadhafi ?

Le ministre de la Défense a sous-entendu que le départ de Kadhafi n'était plus une condition à l'arrêt de l'opération militaire. Il s'agirait alors d'un rétropédalage majeur. Par Sarah Diffalah

Le colonel Kadhafi, le 10 avril 2011 à Tripoli.   HAMZA TURKIA/CHINE NOUVELLE/SIPA
Le colonel Kadhafi, le 10 avril 2011 à Tripoli. HAMZA TURKIA/CHINE NOUVELLE/SIPA
C'est bien la première fois depuis le début de l'opération militaire en Libye, il y a quatre mois, que la France, par la voix de son ministre de la Défense, fait savoir qu'elle pourrait renoncer à vouloir faire partir le colonel Kadhafi. Comme on lui demandait, dimanche dernier sur BFMTV/RMC si l'engagement militaire cesserait avec la fin de Kadhafi, Gérard Longuet a répondu : "Nous avons arrêté la main de Kadhafi sur son peuple. Nous leur demandons de parler entre eux, de se mettre autour d'une table". Et si Kadhafi n'est pas parti? "Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre", a-t-il poursuivi.
Un but de guerre réversible
Ces propos ont rapidement suscité une interrogation majeure. Et si la France avait décidé que le départ de Kadhafi n'était plus la condition sine qua non de l'arrêt de la guerre en Libye? Bien que la résolution de l'Onu n'évoquait d'aucune manière cet objectif, les voix britannique, américaine, française et même africaine s’étaient largement faites entendre pour dire que la fin de l’opération passait nécessairement par le départ de Kadhafi du pouvoir.
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est bien empressé le lendemain de réaffirmer que la chute du guide était un "élément clé" des négociations, mais la suspicion a gagné du terrain. "Les propos de Gérard Longuet sont en effet très surprenants", s’étonne Louis Gautier, professeur à l’université Lyon III et ancien ministre de la Défense de Lionel Jospin. Personne n’aurait envisagé un tel revirement à 360° !" François Heisbourg, conseiller spécial pour la Fondation pour la recherche stratégique partage la même surprise : "Si cette stratégie est confirmée par le chef des Armées, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, on peut effectivement dire que c’est un changement radical dans les événements. Cela voudrait tout simplement dire que le but de guerre a changé."
Négociations directes?
Coïncidence, les confidences de Gérard Longuet interviennent au moment où le fils de Mouammar Kadhafi, Seif El-Islam, affirme que Paris négocie directement avec Tripoli, écartant de fait les rebelles de Benghazi qui réclament la tête du guide libyen. Des informations à prendre avec prudence, mais qui alimentent le flou qui entoure le réel état des avancées diplomatiques. "Bien sûr, les proches de Kadhafi sont dans une stratégie d’intoxication en faisant croire que des négociations directs ont lieu, mais tous ces éléments participent au trouble et viennent affaiblir l’assurance que tient à garder le gouvernement français", explique Louis Gautier.
Un Longuet décalé
Une position française de plus en plus difficilement tenable en raison des différents sons de cloches qui parviennent à l’opinion publique. Déjà Gérard Longuet avait cru bon en avril, de sortir du rang en déclarant que la coalition était "certainement" en train de sortir de la résolution 1973 de l'Onu citant la tribune commune publiée dans la presse de Barack Obama, Nicolas Sarkozy et David Cameron qui justifiait la volonté de voir Kadhafi quitter le pouvoir.
François Heisbourg se refuse cependant à croire à une totale navigation à vue du gouvernement. Selon lui, les propos de Gérard Longuet pourraient viser "à secouer les rebelles de la Cyrénaïque toujours bloqués sur les mêmes lignes de front".
Partition
Dans une interview au Figaro, le premier ministre libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, se dit pourtant prêt à des négociations sérieuses avec la France. "Nous sommes prêts à négocier, sans conditions, […] l’ouverture de Gérard Longuet est positive. Il [le colonel Kadhafi] a dit qu'il était prêt à respecter la décision du peuple libyen, que le peuple pouvait choisir la forme du gouvernement, une république, une monarchie ou bien gardé le système actuel de la Jamahirya, et qu'il se plierait à cette décision", dit-il avant de rajouter "on ne peut pas lui en demander plus".suite d'infos....

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